Comme promis, voilà la deuxième partie de mon article dédié à la motricité libre. La semaine passée, dans la première partie, j’ai pris le temps de définir ce qu’était la motricité libre, puis j’ai décrit les différentes étapes de développement du bébé depuis la naissance jusqu’à la marche. Si vous ne l’avez pas encore lu, la voici. Elle s’intitule: La motricité libre: un concept développé par Emmi Pikler.
Aussi, précédemment, je vous ai également donné la marche à suivre pour aménager un espace favorisant la motricité libre du bébé. Si cela vous intéresse de consulter mon article qui en parle, il vous suffit alors de cliquer sur ce lien.
Aujourd’hui, je vais donc vous parler, comme promis, du rôle de l’adulte pour favoriser la motricité libre du bébé au quotidien. Je vous expliquerai comment accompagner l’enfant afin qu’il se sente à l’aise, en sécurité et pour qu’il puisse évoluer en toute confiance et en toute sérénité. Ainsi vous connaîtrez les principales clés pour qu’il puisse s’épanouir et développer sa motricité en toute autonomie.
Vous êtes prêts? Oui, alors, suivez le guide!
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Sommaire
Offrez leur un environnement adapté, sécurisant et rassurant
La motricité libre permet au bébé d’évoluer librement et à son rythme. Mais cela ne signifie pas de ne pas être présent, bien au contraire! L’enfant n’explore jamais le monde seul. L’adulte est présent pour l’accompagner et l’encourager dans ses découvertes.
Un des rôles de l’adulte est donc d’offrir une contenance psychique au tout-petit. C’est-à-dire qu’il doit lui accorder une attention de tous les instants par le regard qu’il porte sur lui. Cela lui permettra, non seulement, de le mettre en confiance, et aussi, de savoir précisément où il en est dans son développement.
Ainsi l’important, en motricité libre, c’est d’accompagner l’enfant pour qu’il se sente en sécurité et de lui offrir un environnement adapté. Cela signifie qu’il est nécessaire que l’enfant ait une relation harmonieuse avec l’adulte qui s’occupe de lui. Si leur relation est chaleureuse et bienveillante, cela lui permettra d’être détendu, et dans de bonnes conditions pour se sentir suffisamment en confiance.
Ainsi, il pourra évoluer librement dans l’espace dans lequel ils se trouvent tous les deux. C’est donc auprès de l’adulte qui prend soin de lui que l’enfant se sentira en sécurité et qu’il trouvera l’attention nécessaire pour qu’il puisse faire ses acquisitions en toute autonomie. Tout cela, dans l’optique de l’aider à accéder progressivement à l’indépendance et de lui permettre de s’épanouir.
Mettez des vêtements et des chaussures confortables
Aussi, pour pratiquer la motricité libre, je vous invite à mettre à l’enfant des vêtements adaptés pour qu’il soit à l’aise quand il évolue au sol. Il est important qu’ils soient confortables. Mettez-lui des tenues souples et pas trop serrées pour qu’il puisse faire des mouvements amples. Vous pouvez, par exemple, opter pour un tee-shirt avec un pantalon de jogging ou un legging. Quand la température de la pièce le permet vous pouvez même laisser l’enfant en body.
Enfin, Il est important que ses avants bras et que ses pieds soient nus pour une bonne adhérence sur le sol. Pour aller plus loin je vous invite à lire mon article marcher pieds nus: les bienfaits pour l’enfant.
En extérieur, vous pouvez leur mettre des chaussures qui ont une semelle souple quand les enfants commencent à marcher.
Favorisez la motricité libre du bébé en l’installant au sol sur le dos.
Pour permettre à l’enfant d’être libre de ses mouvements il est nécessaire qu’il soit installé le plus souvent possible à plat-dos sur le sol. C’est, à mon sens, le principe de base de la motricité libre.
A la naissance, vous pouvez déjà commencer à l’installer sur son tapis d’éveil quelques minutes. Puis progressivement, vous pourrez prolonger ce temps-là. L’important c’est de rester à son écoute. Le bébé saura vous faire comprendre s’il veut prolonger ce temps au sol ou pas. Quand il commencera à fatiguer, qu’il aura besoin à nouveau de contact, ou d’être pris dans les bras il l’exprimera.
Comme je l’ai dit dans la première partie de cet article, c’est en étant installé régulièrement au sol et sur le dos que l’enfant pourra franchir progressivement les différentes étapes de son développement psychomoteur.
Ne mettez pas un enfant dans une position dans laquelle il ne sait pas se mettre seul
Pour permettre à l’enfant de se développer à son rythme et d’évoluer de façon autonome, veillez surtout à ne pas le contraindre à une position dans laquelle il ne sait pas encore se mettre seul. « Un enfant n’est jamais mis dans une situation dont il n’a pas encore acquis le contrôle par lui-même », disait Emmi Pikler. Et cela me paraît être un point fondamental.
Il est alors indispensable de ne jamais mettre un enfant dans une position dans laquelle il n’est ni capable de se mettre seul, ni de se défaire par lui-même. Cela peut réellement le mettre en difficulté et peut même entraver son bon développement. Cela peut aussi générer de la frustration chez l’enfant et l’insécuriser.
Pourquoi ne faut-il pas mettre un enfant en posture assise prématurément ?
J’observe souvent des parents mettre leur bébé en position assise ou semi-allongée, par exemple, le dos bien calé contre des coussins. Je le déconseille car sa colonne vertébrale est en train de se former; elle se muscle. Si vous le mettez assis avant qu’il ne sache le faire seul il y a trop de pression sur son corps. Cela crée alors des tensions dans le corps et des crispations.
Aussi, il va poser ses mains au sol pour tenir en équilibre. Il aura alors du mal à s’en servir pour attraper des objets autour de lui. Par ailleurs, il lui sera difficile voire impossible de se sortir de cette position imposée par l’adulte dans laquelle il se retrouvera « bloqué » . Tout cela va générer de la frustration finalement et freinera son développement. Une fois la position acquise, l’enfant pourra en sortir et en revenir en restant maître de son confort. Tout enfant sera un jour capable de s’asseoir seul. Alors faites-lui confiance!
Quelques exceptions peuvent être faites
Il y a tout de même quelques exceptions que voici.
Assis sur les genoux
Vous pouvez tout de même asseoir votre bout de chou sur vos genoux même s’il ne sait pas encore se mettre assis seul. Cependant, veillez à ce que son dos soit bien en appui contre votre ventre pour éviter les tensions.
Assis sur une chaise haute
Vous pouvez asseoir un enfant sur une chaise haute adaptée avec dossier pendant les repas si votre enfant tient assis aux alentours de six mois. En effet, la position assise est la plus adaptée pour les repas. Il est même indispensable d’asseoir un enfant si vous souhaitez mettre en place la (DME) diversification alimentaire menée par l’enfant pour une question de sécurité. J’écrirais bientôt un article sur ce sujet.
En attendant, si cette pratique vous intéresse, je vous invite à aller consulter le site « Bébé mange seul » qui est très bien fait. Vous pouvez aussi acheter sinon le livre « Petite main, grande assiette ». Il est vraiment super e et il propose quelques recettes de cuisine pour les bébés.
Qu’en est-il de la posture debout et de la marche?
Quand l’enfant semble vouloir se mettre debout
Lorsque vous placez vos mains sous les aisselles d’un bébé et qu’il est maintenu en posture debout, il part dans une forme extension. Cela arrive systématiquement dès que son pied touche quelque chose, comme l’assise d’un fauteuil, quand il est installé face à vous. Ainsi, vous pourriez penser que l’enfant veut se mettre debout, et qu’il aime ça puisqu’il sourit ! Pour autant, cela ne correspond pas à la logique inhérente du développement psychomoteur.
En fait, lorsque la plante de pied du bébé touche un support, un mouvement lié à un réflexe se déclenche. C’est alors que l’enfant « s’étend ». Il s’agit en réalité d’une mise en extension du corps. Aussi, ce qui va le faire sourire, c’est l’échange de regard et de sourire qu’il partage à ce moment précis avec l’adulte. Mais cela n’est en aucun cas lié à son envie de se mettre debout. Cela crée aussi des tensions et des crispations dans son corps.
L’action répétée d’être tenu verticalement risque d’accentuer une hypertonie axiale déjà existante (un bébé qui se cambre beaucoup, les bras en arrière). Aussi, cela peut contribuer à éloigner l’enfant de l’exploration de la prise d’appui et de repousser le sol. Pourtant, cela correspond à ce qu’il a besoin de vivre à ce niveau de développement psychomoteur. Alors, même s’il semble apprécier cela et qu’il pousse sur ses jambes je vous conseille vraiment d’éviter de le faire.
Quand l’enfant semble vouloir de l’aide pour marcher
Il en est de même pour la marche ou n’importe quelle autre position. Quand vous vous placez derrière l’enfant et que vous lui tenez les deux mains pour le faire marcher c’est contre-productif. En effet, de cette manière, il lui sera plus difficile de trouver son équilibre. Cela ne permet pas à l’enfant de bien ressentir le poids de son corps et ses appuis sur le sol. Et puis, la position qu’il va prendre n’est pas du tout naturelle. Qui est-ce qui marche les bras en l’air ?
Aussi, marcher à côté de lui en lui donnant la main est plus source de déséquilibre qu’une réelle aide. Et ce, même quand il commence à avoir un peu plus d’assurance.
L’enfant, pour marcher, a besoin d’être bien aligné dans son axe et d’être bien en appuis sur ses deux jambes. Cela lui permettra de stabiliser son bassin. Aussi, il doit avoir les bras le long du corps et les épaules bien relâchées. Ainsi il parviendra progressivement à transférer le poids du corps de droite à gauche et d’avant en arrière. C’est en faisant cela qu’il pourra un jour se lancer et se mettre à marcher.
Quel signal donne-t-on à l’enfant quand on veut l’aider?
Par ailleurs, en voulant l’aider, vous lui envoyez le signal qu’il a besoin de vous pour y arriver. Sans vous en rendre compte, vous le rendez alors dépendant de vous. Or, c’est un apprentissage qui est totalement naturel chez l’enfant.
C’est en lui donnant l’autonomie dont il a besoin que vous renforcerez alors son estime de lui. Aussi, vous favoriserez sa confiance en lui et en ses capacités à être acteur de son propre développement.
Accompagnez l’enfant et intervenez seulement quand c’est indispensable
Ainsi, j’encourage les adultes qui accompagnent un enfant dans sa motricité à intervenir physiquement et verbalement uniquement quand c’est indispensable. Vous savez désormais que chaque intervention inutile peut être une entrave au bon développement de l’enfant. Alors, accompagnez-le simplement par votre présence physique et psychique et en étant à juste distance. Placez-vous en position d’observateur. Aussi, accordez-lui votre attention en vous montrant disponible et en l’observant d’un regard confiant et encourageant.
Des effets à long terme de la motricité libre chez le bébé
La motricité libre à de réels bénéfices à long terme. La psychanalyste Catherine Bergeret-Amselek mesure au quotidien combien le développement moteur des premières années est fondamental pour le reste de la vie.
Selon elle, « Le bébé qui est libre de ses mouvements va construire sa capacité à être bien dans son corps et à se relier aux autres à l’âge adulte, explique-t-elle. Il pourra plus facilement se séparer de ses parents et prendre son élan autonome. Le laisser explorer, toucher, sentir, mettre à la bouche en présence de l’adulte qui sait mettre des limites en douceur en prévenant des dangers, c’est lui permettre de mettre en œuvre toute sa sensorialité et l’érogénéité de son corps tout entier, c’est ce qui fera de lui une personne confiante en la vie »
Ce qu’il faut retenir
Pour mettre en pratique la motricité libre avec un bébé il est nécessaire que l’adulte lui offre un cadre et un environnement stimulant, rassurant et sécurisé. Une fois que l’espace est aménagé et adapté à ses capacités et à son niveau de développement, laissez l’enfant libre de ses mouvements. Il évoluera alors en toute confiance et à son rythme sous votre regard bienveillant.
Aussi, le rôle de l’adulte pour favoriser la motricité libre du bébé est de l’accompagner dans ses déplacements et dans les différentes étapes de son développement psychomoteur sans entraver ses mouvements. Pour ce faire, mettez-le au sol régulièrement à plat dos. Ainsi, il pourra faire ses nouvelles acquisitions en toute autonomie.
Aussi, en l’observant avec attention et en encourageant l’enfant, il pourra investir en toute sérénité l’espace, le matériel et aussi les objets que vous mettrez à sa disposition. Surtout, ne mettez pas un enfant dans une position dans laquelle il ne sait pas se mettre ou se défaire seul. Enfin, intervenez seulement quand cela est vraiment nécessaire.
Pour finir, je vous invite également à aller découvrir les récits illustrés sur la motricité libre du site bougribouillons.fr en cliquant sur ce lien. Vous verrez, ils sont vraiment très bien réalisés et ils illustrent parfaitement bien mes propos. Je suis sûre qu’ils vous plairont. Alors, allez y jeter un œil sans hésiter!
En complément de cet article, n’hésitez pas à télécharger mon guide gratuit « 5 clés pour des enfants heureux, libres et épanouis »
Merci Aline pour cet article complet et documenté. C’est un chouette rappel pour moi et mon petit de 17 mois qui ne marche pas encore (et mon impatience 🙂 )
Qu’est ce que je te comprends Bastienne! C’est normal! Nous le sommes tous au fond de nous! Merci pour ton retour!
Super article, très complet, avec de bons rappels, mais aussi des découvertes pour moi !
En effet, le fait de rester pieds nus les aide beaucoup, et les miens ont aujourd’hui beaucoup de mal à porter des chaussures d’ailleurs !!! Et je les comprends ! C’est tellement chouette de marcher dans l’herbe fraîche !
Je ne leur ai toujours pas fait de parcours pieds nus, mais je vais me lancer cet été !
Bonjour Mélanie, je suis ravie que mon article t’ait plu et que tu aies pu découvrir des choses. Et oui, sans chaussures, c’et tellement mieux d’expérimenter le monde qui nous entoure.
Bonjour Aline, encore un super article très complet , merci :). J avais lu la première partie et j attendais la second, la voici ! ^^ Il est effectivement important d accompagner l enfant dans son développement de la motricité.
Merci beaucoup Sophie! Je suis contente que les deux articles t’aient plu!
Merci pour cet article qui complète bien le premier. C’est vrai que parfois que le simple fait d’être là et de l’encourager l’aide bien plus dans son sa motricité que de le tenir physiquement!
Merci Sabrina, oui l’observation et le regard bienveillant et encourageant que nous portons aux enfants est nécessaire pour les accompagner dans leur motricité.
Merci Aline pour cet article! En tant que parents, nous voyons en effet souvent une envie de la part de notre enfant alors qu’il ne s’agit que d’un réflexe. Nous avons tellement envie de les voir progresser (surtout les premiers!) que nous oublions parfois que nous devons leur laisser le temps de faire leur apprentissage, que chacun va à son rythme, et que c’est bien correct comme ca!
Merci Sophie pour ton commentaire. En effet, l’attitude de l’enfant peut prêter à confusion. Et je suis bien d’accord on a hâte de les voir grandir et plaisir de les voir évoluer. N’oublions juste pas de ne pas les surstimuler et de les laisser se développer à leur rythme.
Merci pour ces conseils,très intéressants, une découverte pour moi et tellement important quand on y pense ! Complet et bien documenté !
Avec plaisir, je suis ravie que vous ayez pu découvrir la motricité libre via cet article et qu’il vous ait plu.
Merci Aline pour cette série d’articles très complète et recherchée. OK, je vais changer quelques habitudes avec bébé…
Je t’en prie Vincent, merci pour ton commentaire.
Bonsoir Aline,
Tout d’abord, merci pour ton site tout doux. J’aurai vraiment apprécié le rencontrer plus tôt dans la vie parentale :). J’ai adoré cet article sur la motricité libre. Adepte du concept avec mon garçon, je conseil la beaucoup autour de moi. Je saurai les envoyer vers ton site.🤗