Mon Samuel,
Grâce à toi, je suis devenue maman pour la toute première fois.
Dès l’instant où je t’ai porté en moi,
J’ai su que tu étais là.
Je me souviens avoir senti des petites bulles pétiller en moi.
Puis, au fil des semaines, mon ventre s’est arrondi.
Et les sensations étaient infinies.
Pendant ces mois d’attente, je préparais ta venue.
Les mains délicatement posées sur mon ventre,
Je me connectais à toi.
Et là, tout bas, je te murmurais parfois quelques mots,
Mais parfois, certains maux,
Traversaient mon corps tout entier.
Lorsque tu es né, Samuel, et que ton papa t’as aperçu,
Derrière le champ
Son cœur a immédiatement été conquis
Puis, instantanément, tu nous as été arraché, sans un baiser.
Tu as été confié à une inconnue
Pour vivre ton premier instant.
À ce moment-là,
Trop fragilisée par ce que je venais de vivre,
Je me sentais comme éprise d’un vertige.
Très vite, ton papa a pu te retrouver.
Et pendant que je reprenais mes esprits,
Il t’a contemplé toute la nuit.
Puis, enfin, j’ai pu te rencontrer, Samuel
Tu étais là, dans ton petit berceau,
Tout emmitouflé, bien au chaud.
Immobile, les yeux clos, tu m’attendais.
Et là, en toute intimité,
J ‘ai pu te prendre dans mes bras.
Notre séparation a été longue, trop longue!
Un temps infini pour reprendre mon souffle,
Avoir la force nécessaire de prendre soin de toi !
Puis, tout s’est accéléré.
Dans l’obscurité, je t’ai réchauffé.
Et là, ta peau contre ma peau, tu t’es mis à téter.
Enlacé l’un contre l’autre,
Je t’ai aimé, dès la première seconde.
Une sensation indescriptible a envahi tout mon être.
Je n’arrêtais pas d’embrasser, encore et encore
Tes petites joues empourprées,
Ton petit front plissé.
Dans cette étreinte, mon Samuel, je caressais ta peau de bébé.
Si douce, son odeur ne cessait de m’envoûter.
Mes berceuses, entonnées, t’apaisaient.
Nous vivions là, tous les trois,
un moment suspendu,
Une parenthèse inattendue.
De retour à la maison,
Nous avons pris peu à peu nos repères.
Nous avons appris à nous connaître, à nous reconnaître.
Progressivement, nous tissions entre nous une toile.
Les liens d’une relation profonde
Que nous consolidions un peu plus chaque jour.
Nous t’avons porté, enveloppé, bercé.
Tu dormais là, tout prêt de nous.
Jamais nous ne cessions de te veiller.
Tu étais un enfant souriant, gourmand, insouciant.
Tu aimais découvrir ton environnement
Nous t’avons observé grandir, inlassablement.
Ainsi, sous nos yeux, chaque jour tu évoluais
Plus tu explorais, plus tu gagnais en liberté.
Pas à pas, tu nous a alors guidé sur le chemin de la parentalité.
Avant ton premier anniversaire, j’étais un peu préoccupée.
Il faut bien l’avouer.
J’avais remarqué un léger retard dans ta motricité. Cela me questionnait.
A 16 mois tu as commencé à marcher.
Peut-être m’étais-je fait de mauvaises idées.
Puis, à 2 ans, j’ai recommencé à douter.
Tu parlais peu, tu avais des difficultés à articuler.
Souvent déséquilibré, tu tombais, cela te frustrait.
Alors tu criais et tu pleurais. Cela nous peinait.
Une nuit, tu t’es réveillée, décontenancé.
Lovée contre toi, c’est à ce moment-là que tout a basculé.
Dans ton lit, le regard figé, tout contact était coupé !
En une fraction de seconde, ton corps s’est mis en branle.
De la tête au pied, tes muscles se contractaient et se relâchaient sans arrêt.
Tu as été examiné, puis le diagnostique est tombé !
Ni ton père, ni moi, ne connaissions cette maladie,
Nous en ignorions alors la cause et les médecins aussi.
Nous nous sentions alors, tous deux, impuissants.
Brusquement, des maux, se sont mêlés, les uns aux autres
Epilepsie, retard de développement, troubles du comportement
Des mots savants, des mots frappants, des mots glaçants.
A l’hôpital, sur ta petite tête, des électrodes étaient posées
Puis, une fois ensommeillé, le tracé à commencé à défiler.
Dans l’attente, moi, je t’observais, assoupie à tes côtés,
La neuropédiatre nous a tout expliqué
Dans ton cerveau, un orage a grondé
Alors, il a court-circuité et tu t’es mis à convulser.
Cela t’empêchait de bien grandir comme les autres enfants
et causait quelques difficultés de comportement.
Voilà pourquoi, Samuel, tu as commencé à prendre ton médicament
Là, tout un ballet de spécialistes a débuté
Nous avons rempli un dossier à la MDPH pour que tu sois accompagné
Et au quotidien, le rythme était effréné.
Il a fallu souvent faire preuve de patience
et parfois se battre pour se faire entendre
Afin d’obtenir l’aide dont tu avais besoin
Nous t’accompagnons régulièrement à l’hôpital
Un lieu devenu familier,
dont tu as levé tous les secrets.
L’orthophoniste et la psychomot’ t’ont accompagné
L’une dans le langage, l’autre dans ta motricité.
Avec elles, tu as travaillé, tu as joué, tu as progressé.
A l’école aussi tu étais bien entouré.
Ta maîtresse et ton A.E.S.H. ont tout fait pour t’aider.
Les apprentissages ont été adaptés à tes difficultés.
D’un courage sans faille, malgré ton handicap, tu as toujours persévéré,
Mais tes relations avec les autres n’ont pas toujours été faciles à appréhender.
Il a fallu apprendre à vivre à tes côtés et t’aider à gérer les frustrations que tu vivais.
Dans notre famille, nous étions souvent sous tensions.
Ta sensibilité stimulais tes sens et t’agitais.
La colère et l’angoisse provoquait en nous de l’agressivité.
Parfois tu m’étais comme étranger.
Je ne savais plus comment me comporter, ni comment pénétrer tes pensées.
Il a fallu constamment pivoter et se ré-adapter.
Parfois, impuissante, j’ai perdu pied.
Je me suis sentie tressaillir et faillir dans ma maternité.
Puis, je me suis relevée pour avancer et continuer à « t’élever ».
Avant que tu arrives dans ma vie,
Je savais, au fond de moi, quelle maman je voulais être.
Mais jamais je n’aurai pu imaginer quelle maman j’allais devenir aujourd’hui.
Samuel, sache que quoi qu’il arrive,
Je continuerai à guider tes pas, chaque jour,
Et tu guideras les miens, pour toujours.
Si cette lettre vous a plu, je vous invite à aller découvrir la lettre pour Adèle. Ma première lettre qui a donné naissance à ce blog, le 24 décembre 2020.